De même, Bouaziz Aït-Chebib a insisté sur la nécessité d'une parfaite symbiose entre les militants car « c'est de celle-ci dont dépend fondamentalement la synergie nécessaire indispensable à notre avancée ».
05/01/2013 - 15:16 mis a jour le 05/01/2013 - 15:24 par Saïd Tissegouine
Agissant dans le cadre du renforcement des structures du Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie (MAK) et d'explicitation des motivations du peuple kabyle dans sa demande à l'autodétermination, son président, M. Bouaziz Aït-Chebib, s'est rendu hier dans la village d'Ikedjan, commune de Tifra, daïra de Sidi-Aïch (Béjaia). Dès son arrivée dans ce pittoresque village, le premier responsable du MAK qui a dédié cette action à l'artiste et militant kabyle Brahim Iziri décédé le 03 janvier 2005, a procédéà l'installation de la section MAK dont voici la composante :
Président = Rachid Moussi
vice-Président = Khaled Achoui
Secrétaire à l'organique= Nadir Slimani
Secrétaire adjoint à l'organique= Rafik Chalgou
Trésorier= Ameziane Dahmani
Trésorier adjoint= Nourredine Salaouatchi
A noter que juste avant la mise sur pied de cette structure, le N°1 du MAK a rappelé les principes et qualités dont doit faire preuve le militant du MAK. « Le militant du MAK, a souligné Bouaziz Aït-Chebib, doit être un personnage respectables et respectueux, il est impératif qu'il donne une bonne image de notre Mouvement ». Et dans le sens de renforcer l'implication du MAK dans les affaires publiques kabyles, son premier responsable a incité les militants à intégrer les comités de villages, les associations et les syndicats ainsi que tous les espaces utiles pour la Kabylie. De même, Bouaziz Aït-Chebib a insisté sur la nécessité d'une parfaite symbiose entre les militants car « c'est de celle-ci dont dépend fondamentalement la synergie nécessaire indispensable à notre avancée ».
Puisant de sa propre expérience en matière d'activisme sur le terrain, le président du MAK a conseillé aux militants d'Ikedjam de conjuguer la modestie, la discrétion, l'intelligence et le courage dans le cadre de leurs initiatives militantes ». De même, l'intervenant terminera son allocution par la mise en avant de la grande différence existant entre le courage et la témérité et entre la prudence et la lâcheté. C'est suite à ce petit discours qu'on procéda à l'installation de la section, et ce, naturellement en conformité avec les règles de démocratie.
S'agissant du meeting, qui d'ailleurs est animé en plein air, d'aucuns reconnaîtront qu'il mérite d'être repris et inscrit à jamais sur des pages de livre d'histoire. En effet, en dépit d'un froid qui pénètre jusqu'à l'os, l'assistance, nombreuse et attentionnée, a écouté plus de deux heures les propos du président du MAK. Il faut reconnaître que Bouaziz Aït-Chebib s'est montré prolixe dans son intervention à Ikedjam. Toutefois, ça n'a pas été une perte de temps pour l'assistance puisque l'orateur, lui aussi transi par le froid, développa tous les thèmes constituant la légitimité de l'autodétermination du peuple Kabyle. C'est Yennayer qui constitua le premier point d'intervention du président du MAK. Il dira à ce propos que « si la journée qui n'est pas chômée et payée car l'Etat algérien ne veut pas élever Yennayer au même rang que les autres journées nationales et religieuses ». « Aussi, déclare le président du MAK, c'est à nous que revient le devoir et l'obligation de décréter Yennayer comme journée fériée ».
Histoire de démocratie : l'orateur notera que tous les peuples à l'heure actuelle mènent des luttes implacables pour jouir des bienfaits de la démocratie. « Or, soutient Bouaziz Aït-Chebib, ce concept de démocratie est enraciné dans notre Kabylie depuis des millénaires ». Dès lors, le président du MAK se lance dans l'explication de l'ordre sociologique kabyle lequel a inspiré beaucoup de penseurs européens dans leur quête de trouver le meilleur moyen d'assurer une bonne gouvernance à leurs peuples respectifs. Le président du MAK cite des noms comme Ernest Renan, Karl Marx, Durkheim, Bourdieu etc..
Laïcité : Le président du MAK, par un procédé scientifique, a prouvé que la laïcité est une « invention » bien kabyle. « Contrairement à l'idée répandue, souligne-t-il, c'est l'Occident, la France particulièrement, qui a copié le principe de laïcité sur nous et non l'inverse. Bouaziz Aît-Chebib a soutenu que la laïcité en Kabylie date de plusieurs millénaires. Et pour prouver le bien fondé de ses assertions, l'orateur cite le nom du pape kabyle connu sous le nom de « Ghilas » mais connu sous son nom latinisé« Gelasius » et « Gélase Ier » en français. Ghilas exerça ses fonctions de pape entre 492 et 496. « Le pape Gélasse Ier, souligne Bouaziz Aït-Chebib qui cite un historien, conçoit le premier, dans sa célèbre lettre adressée en 494 au nouvel empereur Anastase Ier de la cour de Byzance, la distinction entre le pouvoir temporel (potestas) et de l'autorité spirituelle (auctoritas) ». Le président du MAK n'a pas manqué de dénoncer vigoureusement ceux qui véhiculent la propagande selon laquelle la Kabylie est islamophobe. « La Kabylie a toujours respecté l'islam comme elle a toujours respecté les autres religions. Il faut comprendre que nous sommes pour la liberté de culte et de pensée. C'est dans cet esprit d'ailleurs que prônons la laïcité». Puisant encore dans l'histoire de la laïcité, l'orateur cite le célèbre penseur kabyle, Saint-Donate qui a interpellé les Romains en ces termes : « C'est vrai que nous sommes des Chrétiens. C'est pourquoi nous vous interdisons de vous servir du christianisme comme prétexte pour nous dominer car nous sommes des Berbères et non des Romains ».
Langue kabyle : le président du MAK a tenté d'expliquer pourquoi le citoyen kabyle a durant longtemps sous-estimé sa langue maternelle. Et pour ce faire, l'orateur a puisé des champs psychologique et psychanalytique. « Ailleurs, soutient Bouaziz Aït-Chebib, l'enfant commence l'apprentissage de sa langue maternelle d'abord, les langues étrangères ensuite. Pour l'enfant kabyle, c'est le contraire. Il commence par les langues étrangères d'abord, sa langue maternelle ensuite. Avec le temps, il est développé dès lors dans son subconscient le sentiment d'infériorité de la langue kabyle devant les autres langues ». Après avoir longuement développé le statut d'iniquité dont souffre la langue kabyle, le président du MAK revient au chapitre portant sur la sociologie kabyle pour prouver qu'en réalité, le peuple kabyle jouit d'un merveilleux socle sociologique. « Autrefois, la mendicitéétait inexistante en Kabylie pour la simple raison que la société kabyle qui, majoritairement, tirait sa subsistance de l'activité agraire, assurait de l'emploi et de la subsistance pour chacun. Par ailleurs, aucune famille ne pouvait laisser un des siens dans la misère au point de tomber dans la mendicité car il y va de son honneur. La peine de mort continue aujourd'hui encore de susciter des débats au sein des nations. Cette sanction n'a jamais fait partie des mœurs du peuple kabyle, et ce, pour la simple raison que dans la société kabyle, un homme qui s'est rendu coupable d'une faute grave (incartade), il se condamnait lui-même à l'exil. Or, dans notre Kabylie, il a toujours été considéré qu'il n'y a pas un châtiment plus sévère que l'exil ou la mise en quarantaine ». Revenant à la situation de notre époque, le président du MAK a prononcé un véritable apophtegme à l'endroit du pouvoir algérien et de la France de François Hollande. Bouaziz Aït-Chebib a déclaré d'emblée à ce propos que « l'Algérie est, malgré les apparences, une province sous domination française ». Le président du MAK ne s'est pas montré tendre à l'endroit de la France officielle qui, pour ses intérêts, corrompe et crée toutes sortes de maux dans les pays dont elle vole les richesses. Dans ce contexte, Bouaziz Aït-Chebib analyse et décortique la dernière visite de deux jours effectuée dernièrement par le chef d'Etat français en Algérie. « En réalité, clame l'orateur, François Hollande était venu pour rappeler aux généraux algériens la nécessité de renouveler un quatrième mandat pour Abdelaziz Bouteflika ». Poursuivant la même trajectoire, le président du MAK a déclaré que les « détenteurs » du pouvoir algérien ne sont en réalité que les petits serviteurs de la France dont la mission est d'assurer la pérennité du colonialisme français en Algérie. S'attaquant ensuite frontalement à François Hollande et la France « néo-coloniale », Bouaziz Aït-Chebib passe en revue le discours prononcéà Tlemcen par le premier cité (François Hollande). « En parlant de la période coloniale, François Hollande, note l'orateur, a parlé expressément de la communauté franco-arabe mais jamais de la communauté franco-kabyle. Le chef d'Etat français, en parlant d'écrivains algériens d'expression française, n'a cité que des écrivains arabes. Il n'a jamais fait référence à Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Malek Ouary, Rachid Mimouni, Tahar Djaout, pourtant, eux aussi des écrivains d'expression française », dénonce le président du MAK pour ajouter aussitôt : « Les Français sont de bons élèves d'histoire. Et comme ils sont rancuniers, ils en veulent toujours à la Kabylie qui les a chassés d'Algérie ».
Abordant ensuite le dossier portant sur le Mali, Bouaziz Aït-Chebib charge encore la France coloniale. « La France, dira-t-il, obtient presque pour une bouchée de pain les richesses naturelles de ce pays, notamment l'uranium, et ce, en corrompant le régime de Bamako. Avec son indépendance, le peuple Azawad gêne et dérange les intérêts de la France puisqu'il ne sera plus question de voler les richesses du Mali qui se situent dans sa partie nord, territoire qu'occupe justement le peuple Azawad. Pour cela, avec la complicité d'Alger, la France a poussé l'outrecuidance jusqu'à créer « un terroriste » du nom de Ansar Dine. C'est ainsi qu'au nom de la lutte contre le terrorisme, la France s'attaquera au peuple Azawad qui n'aspire qu'à une vie dans la dignité. De son côté, Alger, le bâton de la France néo coloniale et adepte de l'arabo-islamisme, ne veut pas entendre parler d'un peuple berbère dans toute l'Afrique du Nord. Au nom de l' « intégrité territoriale », Alger veut empêcher toute force s'identifiant comme non arabo-islamiste d'immerger dans Tamazgha. Si l'argument de « nécessité de maintenir l'intégrité territoriale » est valable, pourquoi alors à ce que Alger ait accepté le principe de territoire pour l'Erythrée et un territoire pour l'Ethiopie ? Pourquoi est-ce que les Érythréens ont le droit de former un peuple et pas les Azawad ? La réponse est simple : quand il s'agit de créer un Etat arabe, Alger n'y voit aucun inconvénient. En Algérie aussi, on brandit à bout de champ qu'il n'y a qu'un seul peuple. Or, dans ce pays appelé« Algérie », il y a plusieurs peuples. Et pour preuve : le peuple kabyle a une langue et une culture différentes de celles des autres peuples d'Algérie, idem concernant l'ordre sociologique et le mode de gouvernance et le système politique ». L'orateur a averti l'assistance que si le statut d'Algérie, une et indivisible pérennise, le peuple kabyle disparaîtra.
C'est l'Algérie et son pouvoir qui ont besoin de la Kabylie et non l'inverse : Pour prouver le bien fondé de sa théorie, le premier responsable du MAK commence par mettre en avant les valeurs universelles auxquelles s'attache le peuple kabyle ; cette même ouverture vers l'universalité dont profite l'Algérie entière et son pouvoir. « Oui, répète Bouaziz Aït-Chebib, le pouvoir d'Alger, se sert de la Kabylie comme vitrine de l'Algérie vis-à-vis de l'étranger ». « D'ailleurs, continue l'orateur, même Abdelaziz Bouteflika aurait répété dans son entourage immédiat : « Qu'on le veuille ou non, c'est la Kabylie qui nous permet de voir les autres de face et non les arabo-islamistes ». Poursuivant sa formidable démonstration du « besoin de la Kabylie par l'Algérie et son pouvoir », le n°1 du MAK énumère tous les points ou presque constituant les richesses naturelles de la Kabylie. Le pétrole trouvéà Béjaia dont l'exploitation est accordée par Alger à une compagnie française en guise de sa « soumission éternelle » et à Illoula (Tizi-Ouzou), la ressource hydrique, le bois, les centaines de kilomètres constituant les côtes et garantes de la pêche à raison de 15.000 tonnes par an au lieu de 1. 500 tonnes à peine à l'heure actuelle, l'énergie électrique où la centrale électrique de Cap-Djinet, à elle seule, fournit 28 % de l'énergie électrique pour l'Algérie, les collines et montagnes, les mieux indiquées pour l'énergie renouvelable, etc…« Rien que ce cadre précis, note Bouaziz Aït-Chebib, beaucoup de preuves sont données du réel besoin de la Kabylie par l'Algérie et son pouvoir », clame l'orateur. « Toutefois, rappelle le premier responsable du MAK, il faut toujours avoir à l'esprit que la première richesse d'un pays est constituée par ses hommes et ses femmes. L'exemple est bien donné par ces pays avancés qui n'ont pas pour autant des richesses naturelles ». « Beaucoup de pays, insiste encore l'orateur, nous rappellent également que les richesses naturelles, à elles seules, ne sont ni plus ni moins que synonyme de misère pour leurs peuples ». Bouaziz Aït-Chebib cite alors l'exemple de certains pays africains comme la république du Congo où les richesses naturelles sont en abondance et qu'au même temps le peuple crève de faim. Concernant justement l'avenir de la Kabylie, c'est-à-dire, une fois débarrassée du « joug d'Alger », le président du MAK dira que la priorité sera consacrée à l'éducation et à l'encouragement des sciences et technologies. Sur ce chapitre encore, l'orateur fera un long exposé. Avant de terminer son discours, le président du MAK a lancé un appel aux Kabyles pour venir massivement marcher à Tizi-Ouzou lors du Yennayer.
Pour sa part, le secrétaire général du MAK, M. Farid Djennadi, l'homme qui d'ailleurs a pris la parole le premier, mettra l'accent sur la différence de taille existante entre le peuple kabyle et les autres Algériens d'où la solution idoine qui ne peut résider que dans l'autodétermination de la Kabylie. L'intervenant remontera dans l'histoire pour démontrer que l'autodétermination que revendique le peuple kabyle n'est pas un concept nouveau. En effet, Farid Djennadi rappellera à l'assistance, avec références historiques à l'appui, que durant la présence ottomane en Algérie, le peuple kabyle a échappéà son autorité et a, par conséquent, vécu dans une parfaite autonomie. Idem concernant les premières années ayant suivi l'invasion du pays par les troupes françaises. « Ce n'est qu'en 1857, après sa défaite militaire, signale le secrétaire général du MAK, que la Kabylie a été forcée à renoncer à son autonomie. Et c'est cette violation de l'ordre politique et sociologique de la Kabylie qui a étéà l'origine du départ des Français en Algérie en 1962 ». L'intervenant « prouvera »également que la chasse des Français d'Algérie a été presque l'œuvre exclusive des Kabyles.
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